La situation mérite d’être rapportée, car elle soulève selon moi la question de la sécurité et du civisme sur les pistes cyclables.
Il y a quelques semaines, j’aperçois un jeune enfant déambulant au milieu de la voie, alors que ses parents roulaient à basse vitesse à ses côtés. Le papa tire une voiturette dans laquelle le chien de la famille a pris place. La maman suit sur son vélo.
Le bambin, une fillette d’environ trois ans, fait des zigzags sur la piste cyclable passablement achalandée par ce bel après-midi d’automne. Elle n’avait visiblement pas encore parcouru de nombreux kilomètres dans sa vie.
«Pas le bon endroit»
Quand j’ai compris de quoi il s’agissait (je n’en revenais pas de mes yeux), j’ai ralenti suffisamment pour rouler presque à la même vitesse que le convoi familial. En m’apercevant, la maman a demandé à l’enfant de se tasser.
Je ralentis suffisamment pour rouler presque à la même vitesse
Arrivé à leur hauteur, je n’ai pas pu m’empêcher : «Vous allez dire que je ne me mêle pas de mes affaires, je m’excuse, mais ce n’est pas le bon endroit pour faire ça.»
Le papa m’a répondu, laissant entendre que je ne me mêlais pas de mes affaires: «On a le droit de marcher!», prétextant que la piste cyclable est ouverte aux marcheurs.
J’ai poursuivi ma route sans rétorquer, mais en me disant que j’aurais peut-être dû me retenir.
Mais plus j’y pensais, plus je me dis qu’un tel comportement impliquant un jeune enfant mérite d’être examiné. Oui, on a le droit de marcher sur la plupart des pistes cyclables. On parle de plus en plus de sentiers multifonctionnels d’ailleurs. La question soulève souvent de nombreuses réactions.
Mais la sécurité doit primer. Encore plus quand il est question de jeunes enfants.
Cohabiter en sécurité
C’est clairement une mauvaise idée. Une piste cyclable, même si elle paraît tranquille, reste une voie de circulation. Les cyclistes doivent rouler à environ 20 km/h, parfois plus. Certains peuvent atteindre des vitesses plus élevées.
Un enfant en bas âge à pied est imprévisible. Il peut s’arrêter, zigzaguer, changer de direction sans avertir; un papillon à observer à gauche, une fleur à cueillir à droite.
Le risque de collision est réel. C’est toujours le cycliste lancé qui devra freiner brusquement ou se déporter, avec les conséquences qu’on imagine.
J’imaginais l’enfant marcher entre la voiturette tirée par le papa et le vélo de sa maman, donc pratiquement invisible pour celui qui vient de derrière ou en sens inverse. Au moment où le cycliste passe, la petite fille sort de sa cachette et revient au centre de la voie. L’accident peut se produire.
Ça traduit souvent une méconnaissance du danger plutôt qu’un laisser-aller volontaire. Beaucoup de parents voient la piste comme une promenade sécuritaire, puisqu’il n’y a pas de voitures — mais ils oublient que les vélos y roulent à une vitesse comparable à un scooter en ville.
Sur le plan du civisme cycliste, ça met aussi en péril la cohabitation entre usagers. Les pistes sont conçues pour recevoir des vélos. Quand elles sont partagées (piétons, poussettes, joggeurs), c’est toujours précisé par la signalisation.
Si l’enfant est trop jeune pour pédaler de façon autonome, il est plus sûr de le placer dans la remorque, un siège d’enfant, ou un vélo retenu par une barre à celui du parent.
Pour moi, marcher avec son bambin sur une piste cyclable, c’est d’être à ses côtés, en lui tenant la main et surveillant ce qui vient devant et ce qui vient derrière.
L’intention est souvent bonne (partager un moment en famille), mais le lieu est mal choisi. Sur une piste cyclable, un jeune enfant à pied est en danger et peut mettre les autres en danger aussi.
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